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Gauche critique

25 mars 2004

De l'appel "Il faudra battre la droite" au blog

De l'appel "Il faudra battre la droite"

au blog Gauche critique

 

L'appel « Il faudra battre la droite » (voir ci-dessous) a été lancé dès avant le 1er tour des élections régionales. De larges extraits en ont été publiés dans le Monde (daté du 19 mars 04), sous le titre "Des vieux trotskistes appellent au désistement à gauche le 28 mars". Libération et le Figaro s'en sont également fait l'écho. Précisons que les signataires ne sont cependant pas que des "trotskistes historiques" mais appartiennent à plusieurs générations de membres (ou ex-membres), sympathisants ou simples électeurs de la LCR.

 

Ce texte a été le premier à mettre publiquement en cause le refus de la LCR d'appeler au deuxième tour à battre la droite et l'extrême droite en votant à gauche.  Il reste pleinement d'actualité. On aurait en effet pu espérer que, au vu de la sévère leçon de choses qu'a constitué le résultat du premier tour, la direction de la LCR allait se ressaisir. Il n'en est malheureusement rien.

Elle persiste dans son tournant sectaire, dont on ne sait s'il est la cause ou la conséquence de l'alliance avec Lutte ouvrière, et place la LCR dans une position totalement absurde : alors que des millions d'électeurs espèrent infliger une lourde défaite à la droite en confirmant leurs votes à gauche le 28 mars, la LCR, quant à elle, ne donnera pas de consigne de vote ! On a envie de demander à Besancenot ou Krivine : "Mais toi, personnellement, tu vas voter à gauche ou tu t'abstiens ?" Mais on sait qu'ils ne répondront pas puisque telle est la consigne. Voilà ainsi des militants ultra-politisés, dirigeants d'une organisation qui se veut d'avant-garde, qui en viennent à considérer que leurs intentions de vote sont confidentielles. 

A l'absurdité s'ajoute l'incohérence : si on n'appelle pas au deuxième tour à voter pour la gauche parce qu'elle serait "sociale-libérale", comment peut-on néanmoins se féliciter en catimini de la victoire de cette même gauche ? Logiquement il faudrait dissuader les électeurs de se faire piéger en accordant leurs votes à ces fieffés sociaux-libéraux : si les dirigeants de la Ligue étaient cohérents avec eux-mêmes, il leur faudrait clairement appeler à l'abstention. Tout cela pourrait prêter à sourire, voire à franchement éclater de rire, mais les conséquences d'une telle dérive menacent d'être sinistres pour la LCR.

Le 21 mars toutes les listes de gauche, y compris celles du PCF, ont connu une progression électorale. Toutes sauf les listes LCR/LO qui, avec 4,94 %, font juste quelques dizièmes de point de plus que LO toute seule aux régionales de 98. Le plus cruel est évidemment la comparaison avec le résultat des présidentielles : si l'idée c'était d'additionner le score de chacune des formations, c'est raté puisque 1 + 1 a donné 1. Retour à la case groupusculaire, à la marginalité estampillée "extrême gauche révolutionnaire pure et dure" ; adieu le rêve de devenir la quatrième composante sur l'échiquier politique français, adieu le mythe de la seule force d'opposition conséquente face au PS, à l'UMP et au Front national.

Les fins stratèges de la LCR ont réussi un sacré tour de force : rester en marge de la sanction politique infligée par une majorité de l'électorat au gouvernement Chirac-Raffarin. Est-il donc si difficile de comprendre que les innombrables victimes de sa politique veulent prolonger les luttes menées depuis des mois par une victoire dans les urnes ? Avec le choix autiste d'assister à la bataille du deuxième tour en simple observateur vaguement engagé, c'est tout le capital acquis par la LCR depuis les dernières présidentielles qui risque d'être dilapidé : que va-t-il rester de "l'effet Besancenot", de la sympathie acquise dans le ferme engagement contre Le Pen, de l'image d'ouverture aux nouvelles aspirations ? En calquant désormais son profil sur l'ouvriérisme de LO, la LCR est en train de scier la branche qui la porte. Une minorité importante de ses militants s'oppose heureusement à cette politique, ainsi que l'ont montré depuis le 21 mars les appels de nombreux responsables ou simples militants de base à voter à gauche le 28 mars.

La direction de la LCR va-t-elle néanmoins s'entêter à privilégier l'accord avec LO ? La LCR compte-t-elle réellement rester enchaînée à cette secte ouvriériste jusqu'aux élections européennes ? Va-t-elle ainsi continuer à tourner le dos à l'indispensable construction d'une nouvelle force, à gauche de la gauche et en prise avec la réalité contemporaine ?

 

Pour notre part nous n'y avons pas renoncé. Altermondialisme, féminisme, défense de l'emploi, réduction du temps de travail, expression des nouveaux besoins sociaux, protection des biens communs, maintien et extension des services publics, lutte contre le racisme et l'antisémitisme, approfondissement de la démocratie, écologie, aspirations de la jeunesse... : la liste est longue des terrains de mobilisation dont le prolongement commun rend urgente l'émergence de cette force politique nouvelle.

 

Avec la création de ce blog, nous souhaitons contribuer à son édification. Cet espace se propose ainsi d'accueillir et de confronter les réflexions allant dans le sens de l'aggiornamento dont ne peut se passer, en ce début du XXIème siècle, une gauche qui veut vraiment changer le monde. On verra ce que ça donne : nous nous proposons  d'être le blog de la gauche critique.   

 

B.S.

Le 24 mars 2004

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APPEL POUR LE SECOND TOUR DES REGIONALES

Il faudra battre la droite !

 

En tant que militants, sympathisants ou électeurs de la LCR nous pourrions nous réjouir des sondages qui vont jusqu'à accorder près de 8 % d'intentions de votes aux listes LCR/LO pour les prochaines élections régionales.  Mais ce possible succès électoral risque fort, dès lors que la direction de la LCR s'est ralliée au « ni gauche ni droite » inspiré par Lutte ouvrière, de n'aboutir qu'à un impardonnable gâchis ; pire encore, le refus du désistement à gauche, voire le maintien des listes, au second tour, jouera nécessairement en faveur de Chirac-Raffarin-Sarkozy.

Depuis la percée d'Olivier Besancenot aux dernières présidentielles, la LCR est investie, sans doute pour la première fois de son histoire, d'une authentique responsabilité dans le rapport de forces politique en France. Elle a aujourd'hui les moyens de contribuer à défaire la droite et faire gagner la gauche dans un certain nombre de Conseils régionaux. La direction de la Ligue s'obstinera-t-elle, au nom d'un pseudo purisme révolutionnaire, à se détourner d'un tel enjeu alors que s'amplifie l'opposition aux effets dévastateurs de la politique ultra-libérale, répressive et obscurantiste mise en œuvre par le pouvoir ?  Espère-t-elle sérieusement faire croire qu'il n'y a pas de différence entre la droite et la gauche à toutes celles et ceux qui se mobilisent contre la régression sociale, culturelle et citoyenne qui menace la société, à toutes celles et ceux que frappent la précarisation de l'emploi, la réduction des budgets publics, les restrictions des libertés, l'extension du chômage, la limitation des revenus sociaux ?

Renvoyer la gauche et la droite dos à dos en se prétendant la seule alternative au pouvoir, c'est non seulement remettre tout changement aux calendes grecques, c'est aussi alimenter le populisme dont le principal bénéficiaire est le Front national. Il n'est nul besoin de sortir de l'ENA pour comprendre de qui on se fait le complice en jouant les Ponce Pilate au second tour. La politique du pire est toujours la pire des politiques. Les dirigeants de l'UMP, sans parler de Le Pen, n'en espéraient pas tant de l'extrême gauche. 

Pour notre part, récusant des choix qui stérilisent le potentiel politique acquis par la LCR, et la confinent dans la marginalité, nous souhaitons construire une nouvelle force capable d'inspirer une authentique politique de gauche. Ce n'est pas en prenant le risque de faire gagner la droite aux prochaines régionales que l'on y parviendra. Au contraire.    

Nous refusons de voir gaspiller les voix qui se porteront sur les listes LCR/LO alors qu'elles devraient s'additionner le 28 mars dans un large front unique permettant d'infliger une sanction politique au gouvernement, à l'Elysée et au Medef. C'est pourquoi nous appelons dès aujourd'hui les électrices et les électeurs qui, le 21 mars, auront exprimé leur légitime défiance à l'égard de l'ancienne Gauche plurielle en votant pour les listes LCR/LO, à battre la droite et l'extrême droite en reportant au second tour leurs votes sur les listes de gauche.

Le 17 mars 2004

Premières signatures :

Pierre Avot-Meyers, Sophie Blum, Brahim Brahms, Claude Carrey, Jean-René Chauvin, Eric Chopard, Jean-Claude Cinquin, Bernadette Cuisinier-Balligand, Gilbert Dalgalian, Boris Enet, Arnaud Flèche, Jacques François, Murielle Gantelet, Gérard Garnier, Christian Geisler, Cécile Gelly, Marc Giuliani, Claude Kowal, David Lang, Maurice Laval, Michel Lequenne, Jacques Marsouin, Simonne Minguet, Praci Molck, Maurice Nadeau, Paul Parizot, Marc Perret, Pascal Pollosson, Catherine Ramon, Marc Rollin, Bernard Schalscha, Régis Signarbieux, Lea Terbach, Dominique Tsikas

 

Merci d'adresser vos signatures à : bernard.schalscha@wanadoo.fr




 

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